Je sais que sur ce forum, quelques personnes sont fans du manga Rurôni Kenshin... Voici un petit post qui devrait leur faire plaisir... Il est tiré en grande partie du "Guide Book 1" de Kenshin, publié chez Glénat...
Dans l'histoire de ce très très bon manga, notre assassin-vagabond à la cicatrice cruciforme est très souvent rattrapé par son passé, notamment quand il retrouve le "Loup de Mibu" Hajime Saitô (un de mes 3 préféres dans le manga LoL), ancien capitaine de la troisième division du Shinsen-gumi...
Je dois avouer qu'avant de lire Kenshin, je n'avais jamais entendu parler de ce groupe... mais depuis, j'ai une certaine fascination pour lui... Donc pour celles et ceux que ca intéresse, petit aperçu historique... direction le Bakumatsu...
Survol chronologique
Tout commence en l'an 3 de l'ère Bunkyû (1863), période à laquelle le shôgunat décide de créer le rôshi-tai, un groupe composé de rônin, afin de catalyser le nombre grandissant de ces guerriers sans maîtres.
L'un des membres de ce groupe, Isami Kondô, va décider de former, avec l'aide de Kamo Serizawa (assassiné par ce nouveau groupe un peu plus tard), "le groupe des nouvelles recrues", en japonais Shin-Sen-Gumi.
Au début de son existence, ce groupe n'est pas vraiment pris au sérieux, ni par le peuple de Kyôtô (ville où ils vont être le plus actif), ni par le pouvoir shôgunal. Le mois de juin 1864 (an 4 de l'ère Bunkyû, an premier de l'ère Genchi) va leur permettre d'être beaucoup mieux considéré. En effet, les ishin-shishi (les patriotes, fidèles à l'Empereur) avaient prévus de mettre Kyôto à feu et à sang, pour accélérer la chute du régime des Tokugawa. Pour mettre au point les derniers préparatifs, ils s'étaient réunis dans une auberge, Ikeda-ya. Le Shinsengumi découvrit le jour et le lieu du rendez-vous, et portèrent un grand coup aux rebelles...
C'est ainsi que leur renommée commença à grandir...
Néanmoins, au fur et à mesure de la modernisation des armées impériales, les pertes au sein des forces shogunales furent de plus en plus importantes... De son côté, le Shinsengumi, refusant de se battre avec autre chose que leur sabre, fut peu à peu affaibli, pour finir par être anéanti en 1868, an 1 de l'ère Meiji... Malgré cela, certains de ses membres, comme Hajime Saitô, survécurent à la disparition de leur groupe...
Organisation
Comme dit plus haut, à la tête du Shinsengumi se trouvait son fondateur, Isami Kondô. A ses côtés, on trouve un vice-commandant, Toshizô Hijigata, connu pour sa froideur et sa poigne de fer pour gèrer les troupes. C'est d'ailleurs de ses techniques de combat que s'inspire le Gatotsu de Saitô.
Les membres étaient répartis en dix divisions. A la tête de la première se trouvait Soushi Okita, génie du sabre qui avait, dit-on, un esprit aussi pur que celui d'un enfant. Watsuki-san s'en est d'ailleurs inspiré pour créer le protégé de Shishio, Soujirô.
Le capitaine de la deuxième division se nommait Shinpachi Nagakura, un ami de Kondô. Et comme dit plus haut, Hajime Saitô s'occupait lui de la troisième division. On dit qu'il était aussi fort qu'Okita...
Il est à noter qu'à son apogée, ce groupe comptait 300 membres... tous experts en sabre... On peut dire sans trop se forcer qu'il s'agit du dernier grand groupe de kenshi qu'a connu le Japon...
Petit up sur la hiérarchie du groupe.
En fait, au cours de son existence le Roshi-tai puis le Shinsengumi ont connu différentes structures hierarchiques. Voici la plus connue.
- Capitaine (socho) Kondo Isami, maître du Tennen Rishin Ryu*
- Vice capitaine (Fukucho) : Hijikata Toshizo, Mokuroku** du Tennen Rishin Ryu
- Conseiller en stratégie militaire (Sanbo) : Ito Kashitaro, Menkyô Kaiden*** en Shinto Munen Ryu et Hokushin Itto Ryu
- Capitaine des 10 groupes de combat (Bantaï Kumicho)
1. Sôji Okita (Tennen Rishin Ryu Menkyô Kaiden)
2. Nagakura Shinpachi, Shinto Munen Ryu Menkyô Kaden
3. Saito Hajime, maître du Mugai Ryu
4. Matsubara Tadaji, maître de Sekiguchi Ryû ju-jutsu
5. Takeda Kanryuusai, maître du Naganuma Ryû (spécialisée dans la stratégie militaire)
6. Inoe Genzaburo, Tennen Rishin Ryû Mokuroku
7. Tani Sanjyuro, maître de Harada Sanosuke
8. Todo Heisuke, Hokushin Itto Ryû Mokuroku
9. Suzuki Mikisaburo, frère d'Ito Kashitaro
10. Harada Sanosuke, Taneda Houzouin Ryû Menkyô Kaiden
*la Tennen Rishin Ryû est une école de Kenjutsu dont le soke (maitre de lignée) était le père de Kondô-sama.
**Mokuroku : un des hauts-grades décerné dans une école de Kenjutsu
***Menkyô Kaiden : plus haut grade dans le Kenjutsu, ce titre désigne une personne qui maîtrise toutes les techniques de son école, et qui a l'autorisation de les transmettre à des élèves extérieurs.
Tenue et bannière.
Les membres du Shinsengumi se sont réunis sous la bannière de la fidélité. En effet, sur leur drapeau à fond rouge était inscrit en blanc le kanji "Makoto", qui désigne la sincérité, la fidélité.
Surnommé les "loups de Mibu", on les représente souvent portant un kimono bleu pâle... mais certains pensent qu'il pouvait aussi être jaune, couleur du fief d'Aizu, leur sponsor...
Le réglement interne
Comme toutes organisations, le Shinsengumi avait son propre réglement, compilé par Hijikita-san et Kondô-sama. Comprenant 5 points, son nom japonais est "Gohatto".
Dai Ichijo : Shidô ni somuki majiki koto.
Article 1 : Il est interdit de s'écarter de la voie propre au guerrier (et par extension, à l'humanité
Dai nijô : Kyoku wo dassuru kotowo yurusazu.
Article 2 : Il est interdit de quitter (le Shinsengumi).
Dai Sanjyô : Katte ni kinsaku itasubekarazu
Article 3: Il est interdit de collecter de l'argent en dehors du cadre du Shinsengumi.
Dai Shijô : Katte ni soshou toriatsukaubekarazu
Article 4 : Il est interdit de se mêler des litiges ne nous concernant pas.
Dai Gojô : Watakushi no tousou wo yurusazu
Article 5 : Il est interdit de combattre à son propre compte.
Il existait aussi des annexes à ce réglement. En voici trois.
- Kumigashira ga moshi toushi shita baaiwa, kumishuu wa sono ba de toushi subeshi
Si le leader d'une unité est mortellement blessé dans un combat, tous les membres du groupe qu'il combattait doivent combattre et mourir à sa place.
- Hageshiki kokou ni oite shishou zokushutsusutomo kumigashira ni shitai no hoka wa hikishirizokukotomakarinazu
Même dans un combat où les pertes sont élevées, il ets interdit de récupérer les corps des morts, excepté celui du chef du groupe.
- Moshi taishiga koumuni yorazushite machi de taigai no mono to arasoi, teki to yaiba wo kawashi, jibunga kizu wo oite aite wo shitomekirazuna nigashita baai, ushirokizu no baai no gotokimo seppuku wo meizuru.
Si un de nos membres combat contre un étranger au groupe, que ce soit en service ou non, s'il est blessé et ne peut pas tuer son ennemi, le laissant ainsi s'enfuir, et ce même si la blessure causée est dûe à une traitrise, le membre concerné doit faire seppuku...
Comme on peut le voir, le "Makoto" que les Miburo portent fièrement sur leur étendard n'est pas du vent... Quand on rentre dans le groupe des Loups de Mibu, on lui est fidèle, et ce jusqu'à la mort...
Portrait d'Hajime Saitô
Il s'agissait du deuxième fils de Yusuké Yamaguchi, fonctionnaire du shôgunat. Lorsqu'il eut 20 ans, il s'engagea dans le Shinsengumi, et fut rapidement promu capitaine (fukuchô jôkin, qui signifie "assistant du fukuchô", le vice commandant).
Au sein du Shinsengumi, il s'agit de celui qui a le plus tué, avec un taux de réussite très elevé dans ses missions.
En 1865 (an 1er de Keiô) des membres du Shinsengumi décidèrent de former leur propre groupe, le Goryô-Eiji. Ces membres étaient proches de la doctrine de révérence à l'Empereur (kinnô). Saitô faisait partie de ce groupe. D'après certains témoignages, il aurait été en mission pour Isami Kondô, afin d'informer le Shinsengumi d'un éventuel ralliement de ce groupe à l'Empereur.
En Meiji 10, il s'est fait engagé dans la police métropolitaine, et y a travaille jusqu'en 1891.
Il est décédé à 72 ans, en l'an 4 de Taishô (le 28 Septembre 1915).
Edit sur les sources :
Pour ce petit article, je me suis servi : - du Guide Book volume I "Hiden" de Rurôni Kenshin
- des extraits du livre "Les Japonais et le sabre", de Yoshimura Kenichi
- de l'article très complet de Wikipedia sur le Shinsengumi (mais où il ya quelques erreurs et contradictions).